L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

Publié le mercredi 19 août 2020 à 17h38min

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L’agroécologie : Une alternative sérieuse pour relever le défi de la sécurité alimentaire

Les effets des changements climatiques sont réels et devenus quotidiens dans notre pays. La pluviométrie n’est plus fiable, les poches de sécheresse sont récurrentes, de surprenantes inondations et de vents souvent très violents surviennent. Dans ce contexte climatique si imprévisible, l’adaptation des systèmes de production ou l’adoption de nouvelles techniques agricoles s’impose pour réussir le pari de l’autosuffisance alimentaire, et assurer également la production des produits agricoles d’exportation.

Ce sont des systèmes qui permettent de produire en quantité suffisante tout en préservant l’environnement et les sols et basés sur des techniques de gestion durable des sols et de régénération des terres déjà dégradées. L’agro-écologie fait partie de ces systèmes.

Quelles alternatives propose-t-elle pour relever le défi de la sécurité alimentaire dans un contexte de précarité climatique au Burkina Faso ?
L’agroécologie est une approche intégrée qui applique concomitamment des notions et des principes écologiques et sociaux à la conception et à la gestion des systèmes de production agricole.

Elle prône l’utilisation rationnelle des terres, la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, la protection et l’amélioration des moyens d’existence ruraux, les valeurs humaines et sociales. Elle recherche la fourniture de produits de bonne qualité et facilement conservables et repose sur des techniques agricoles obtenues à partir des connaissances et de l’expérience des producteurs. Les plus utilisées sont :

Boulis pour le stockage d’eau

• Les techniques de production et d’utilisation de la fumure organique : les débris de récolte (paille, tiges, coques, etc.), les mauvaises herbes et autres débris végétaux sont utilisés dans le compostage pour obtenir de la fumure organique. Cette fumure, en plus de minéraliser les cultures et d’amender le sol, facilite également la rétention de l’eau au niveau du sol pour la rendre disponible à la plante au moment opportun et permet ainsi d’atténuer les effets des poches de sécheresse observées au cours de la campagne agricole. Elle réduit ainsi le recours ou la dépendance aux intrants minéraux, accélère l’activité biologique du sol permettant ainsi au sol de conserver sa vitalité.

• Les techniques culturales tels que l’assolement, la rotation et l’association de cultures et le travail minimum du sol réduisent l’impact des activités agricoles sur le sol, maintiennent la fertilité du sol et permettent une gestion durable des terres agricoles.

• L’enrobage des semences pour leur conférer l’aptitude à germer même après plusieurs jours sous terre sans risque de perdre leur pouvoir germinatif est également une technique mais relativement peu développée au Burkina Faso.
• Les techniques de récupération, de conservation et de gestion des eaux permettent l’irrigation en cas de sécheresse chronique. Il s’agit des bassins de collecte d’eau de ruissellement, des boulis, des impluviums, etc.

• Les techniques de récupération des terres dégradées comme la réalisation des cordons pierreux, le zaï manuel ou mécanisé, la demi-lune, la régénérescence naturelle assistée RNA sont de très bonnes techniques de récupération et de gestion durable des sols.
• L’intégration agriculture-production végétale ou agriculture-élevage présente aussi de bonnes alternatives de résilience aux changements climatiques et de gestion de terres agricoles.

Cordons pierreux

L’agroécologie peut être menée à grande échelle sur les cultures de rente qui mobilisent de grande superficie pourvu qu’on y mette les moyens notamment dans la production en quantité suffisante de la fumure organique et des bio-pesticides. Il est vrai qu’il existe un doute sur l’efficacité des bio-pesticides contre les ravageurs, mais utilisés en mesures préventives, ces bio-pesticides sont capables de maitriser les ravageurs de culture s’ils sont appliqués à temps dans le respect strict des doses et de la période d’application.

La plupart des pratiques agroécologiques sont déjà mises en œuvre au Burkina Faso mais de manière relativement infime. Or, l’adoption de comportements agroécologiques n’est plus une négociation mais une obligation au regard des nombreuses conséquences de l’agriculture conventionnelle sur l’environnement et sur les sols.

L’Etat doit mettre assez de moyens pour soutenir et accompagner le secteur agricole dans la transition écologique. C’est pourquoi, il est impératif que des projets de grande envergure soient élaborés et mise en œuvre pour la promotion des pratiques agroécologiques, que des formations de masse sur la production et l’utilisation à grande échelle du compost et sur la production des bio-pesticides soient organiser au profit des acteurs du monde agricole prioritairement les producteurs. Il sera aussi intéressant d’introduire des modules spécifiques sur l’agroécologie dans les programmes d’enseignement supérieur et professionnel.

Lefasonet

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