La SN-SOSUCO quatre mois après le passage du président Michel Kafando : « Toute la Nation est victime de ma contrebande », dixit Dr Mouctar Koné, DG de la SN SOSUCO

Publié le jeudi 11 juin 2015 à 15h27min

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La SN-SOSUCO quatre mois après le passage du président Michel Kafando : « Toute la Nation est victime de ma contrebande », dixit Dr Mouctar Koné, DG de la SN SOSUCO

C’est l’inquiétude à la Nouvelle Société Sucrière de la Comoé (SN-SOSUCO), et ce, depuis plusieurs années. Les travailleurs sont inquiets, le Directeur Général a des insomnies, et pour cause, la nationale du sucre a du mal à écouler sa production, car le sucre importé dans des conditions obscures mène une concurrence déloyale à notre production nationale. Dans l’entretien qui suit, le Dr Mouctar Koné, Directeur Général de la SN-SOSUCO nous fait la situation de son entreprise, quelque quatre mois après le passage du Président du Faso.

Lefaso.net : Monsieur le Directeur Général, comment se porte votre entreprise au jour d’aujourd’hui ?
Dr Mouctar Koné :
C’est une bonne question à laquelle je vais répondre sur deux volets. Le premier volet est technique et je dirai que sur le plan technique la SN-SOSUCO produit très bien et nous avons fait beaucoup d’amélioration les deux dernières campagnes. Techniquement, nous avons très positivement évolué et nous avons fait beaucoup de réalisations au cours des deux dernières campagnes. Le problème qui se pose à nous et je le situe au deuxième volet, c’est la commercialisation. Ca ne suit pas et vous avez dû constater les tonnes de sucre stockées dans les magasins ici à Banfora et à Bobo-Dioulasso. Le problème c’est quoi, c’est que financièrement cela nous coûte. L’argent est sous forme de sucre dans nos magasins et qui a des difficultés pour être commercialisé.

Lefaso.net : En février 2015, le Chef de l’Etat était à la SN-SOSUCO. Il a pris des engagements allant dans le sens de la protection de la société face à la concurrence déloyale. Après le passage du Chef de l’Etat, quelles sont les mesures qui ont été prises ?
Dr Koné :
Après la visite du Chef de l’Etat, le ministre de tutelle a donné des instructions au marché du sucre et depuis lors des autorisations d’importation du sucre qui avaient été données de façon anarchique ont été annulées. En plus de cela, l’octroi d’autres autorisations d’importation a été refusé. Mais ce qu’il faut constater, cette affaire avait commencé avec le problème des 42 camions de sucre que vous connaissez. Les 42 camions n’étaient que la partie visible de l’iceberg. Car une grande quantité de sucre était entrée sur notre territoire non seulement par la route, mais également par la voix ferroviaire et par des frontières telles que le Ghana et le Togo. Si bien que quand la décision a été prise, le marché était déjà inondé.

Lefaso.net : Avez-vous un appel à lancer ?
Dr Koné :
Principalement aux autorités, je dirai qu’aujourd’hui, les gens parlent de la SN-SOSUCO. Or, il n’y a pas que la SN-SOSUCO qui soit victime de la contrebande. C’est toute la nation qui en est victime. Et je reste persuadé que si l’Etat le veut, il peut arrêter l’hémorragie en prenant des dispositions fermes contre l’inondation de notre marché par les produits de la contrebande qui ne fait que tuer notre tissu industriel.
Aux consommateurs, je veux être rassurant. Les gens disent que notre sucre coûte cher. Le sucre SN-SOSUCO est le moins cher de la sous-région. Toutefois, il faut reconnaître que le sucre granulé que nous avons est plus cher aujourd’hui sur le marché que le sucre importé tout simplement à cause de la subvention du budget de l’Etat sur le sucre importé. Mais malgré cette subvention, notre sucre en morceau est moins cher que le sucre importé. Donc il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas vendre au moins notre sucre en morceau.
En plus, chaque année, à l’approche du Ramadan, on voit à la télé des commerçants spéculateurs qui augmentent le prix du sucre, disant que c’est la SN-SOSUCO qui a augmenté. Alors que depuis 6 ans, notre entreprise n’a pas augmenté le prix du sucre. D’ailleurs, elle a même baissé le prix du sucre granulé de dix mille francs.

Entretien réalisé par Golleau Isidore Traoré.
Lefaso.net

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