Grossesses précoces en milieu scolaire : A Mangodara, un enseignant a enceinté cinq filles d’une même classe

Publié le mercredi 26 juillet 2017 à 22h56min

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Grossesses précoces en milieu scolaire : A Mangodara, un enseignant a enceinté cinq filles d’une même classe

Lors du passage de la caravane de presse dans la région des Cascades du 11 au 20 juillet dernier sur le changement de comportement en matière de mariage d’enfants, de la planification familiale, des grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire et l’autonomisation des femmes et des filles organisée par le projet autonomisation des femmes et le dividende démographique au sahel (SWEED), quelques communes comme Niankorodougou, Mangodara et Moussodougou ont été visitées.

« Nous recommandons que l’on « batte » sur la place publique les filles qui se laissent enceinter de façon précoce pour que cela serve de leçon aux autres filles ». C’est ce qu’a déclaré le chef du village de Mangodara en la personne de Zoumana Ouattara, sur un ton de colère, lors du passage de la caravane dans sa localité. Selon ses dires, les grossesses précoces et non désirées constituent un problème majeur et freinent les études de bon nombre d’élèves.

« Ma fille même était dans cette situation. Elle est tombée enceinte à 15 ans et en son temps j’ai voulu la marier de force et c’est une femme du village qui m’a conseillé de ne pas le faire. Et je l’ai laissée continuer ses études », a confié le chef Zoumana Ouattara. Il a aussi souligné que ce phénomène est une entrave à l’autonomisation des filles et femmes dans la localité. Ce que je déplore le plus, a-t-il martelé, est que les « enceinteurs » de ces jeunes filles sont la plupart des enseignants. « Comment pouvez-vous comprendre qu’un enseignant qui est supposé inculquer le savoir aux élèves, soit celui qui abuse de ces filles ignorantes et naïves en les enceintant ? ». S’est-il interrogé. Avant de dire que cela est une réalité, car dans sa localité, un enseignant a enceinté cinq filles d’une même classe pendant l’année scolaire.

Le chef du village de Mangodara met en garde les enseignants qui enceintent les jeunes filles

Le chef a indiqué qu’à l’annonce de cette nouvelle, tellement furieux, il a voulu chasser cet éducateur de son village, mais étant un humain et l’erreur étant aussi humaine, il lui a pardonné en le mettant en garde de ne plus recommencer. Au maire de la commune, Famoro Ouattara de signifier d’abord que sa commune est délaissée à cause du mauvais état des routes. Avant de mentionner que le phénomène des mariages forcés et des grossesses précoces en milieu scolaire sont une réalité. Mais, a-t-elle rassuré, par les différentes sensibilisations et plaidoyers que mènent les ONG et associations, les comportements sont en train d’être changés.

A Moussodougou, localité située à environ 65 kilomètres de Banfora, le 1er adjoint au maire, Mariam Sourabié, a rassuré que des sensibilisations sur l’autonomisation de la femme et des jeunes filles et sur l’utilisation des méthodes contraceptives sont une réalité dans sa commune. En ce qui concerne les mariages forcés, Mme Sourabié a laissé entendre que ces cas sont rares. L’association « Munyu », par la voix de leur présidente, Makarata Traoré, a rappelé que son association œuvre pour l’autonomisation des femmes et des filles, mais aussi pour la lutte contre les mariages forcés et les grossesses en milieu scolaire.

Les grossesses des jeunes filles, selon elle sont très répandues et sont inquiétantes si bien que le taux de scolarisation est en baisse chaque année. A son avis, les jeunes filles sont beaucoup intéressées par la recherche du gain facile, ce qui par conséquent entraine les grossesses non désirées. Mais avec l’appui des autres membres de l’association, elles ne comptent pas baisser les bras et laisser la situation s’empirer. C’est pour cela, a-t-elle signifié, qu’elles organisent souvent des campagnes de sensibilisation à l’endroit des filles et des femmes sur l’utilisation des méthodes contraceptives.

Par Frédéric BOTA

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