Grossesses précoces des jeunes filles dans les cascades : « Je suis tombée enceinte à l’âge de 17 ans quand je faisais la 4e », dixit Aminata Ouattara

Publié le mardi 25 juillet 2017 à 00h30min

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Grossesses précoces des jeunes filles dans les cascades : « Je suis tombée enceinte à l’âge de 17 ans quand je faisais la 4e », dixit Aminata Ouattara

La caravane de presse organisée par le projet autonomisation des femmes et filles et le dividende démographique au Sahel (SWEDD) du 6 au 20 juillet dernier sur le changement des comportements en matière de planification familiale, le mariage des enfants, les grosses non désirées et l’autonomisation des femmes et filles a, dans sa deuxième phase sillonnée quelques communes de la région des Cascades notamment Niangoloko, Sindou, Wangolodougou, Moussodougou et Mangodara.

Elle se nomme Aminata Ouattara et elle à 18 ans. C’est en 4e à l’âge de 17 ans qu’elle est tombée enceinte. Nous l’avons rencontré à Banfora le 12 juillet 2017 avec son enfant en main et elle nous a laissé entendre : « Mon père m’a inscrite à l’école quand j’avais 7 ans et c’est quand je suis arrivée en classe de 4e que ce dernier a refusé de payer mes études sous prétexte qu’il n’avait pas de moyens et donc j’ai décidé de faire du commerce. Je sillonnais les artères de la ville de Banfora pour vendre des fruits et des cacahouètes. Et c’est là que j’ai rencontré le papa de ma fille.

Quand je suis tombée enceinte, celui que j’appelais mon copain m’a immédiatement dit d’avorter, parce qu’il ne voulait pas de cet enfant mais j’ai refusé car j’avais peur de mourir. Mais par l’aide de mes proches et mon courage j’ai gardé ma grossesse jusqu’à l’accouchement. Donc après l’accouchement ma mère m’a amené dans un centre de santé pour me mettre sous contraceptive et depuis lors je ne suis plus tombée enceinte. Aujourd’hui je peux dire que c’est par ignorance et par manque d’information que j’ai été enceintée, car je n’avais aucune notion sur la planification familiale ». Plusieurs filles dans cette région vivent la même situation que la jeune Aminata, donc il faut un changement de comportement à travers des sensibilisations et des plaidoyers.

DRS Irénée Wangraoua

A Banfora pour traiter des questions de l’éducation de la jeune fille, le premier responsable de la direction régionale de la santé des Cascades, Iréné Wangraoua a noté que la question de la sexualité en milieu scolaire et les grossesses non désirées constituent un problème majeur dans sa région. Et de noter qu’au moins ¼ des garçons de 15 à 17 ans ont déjà eu des rapports sexuels. La répondante régionale de la promotion de l’éducation inclusive de l’éducation du genre dans la région des cascades, Mariam Bonkoungou/sawadogo soutient que le problème de l’éducation des filles dans la région est lié surtout à la précocité des rapports sexuels, ce qui engendre les grossesses précoces.

Elle poursuit sous un air de colère en disant : « il y a beaucoup de grossesses dont l’âge minimum est de 12 ans, ce qui engendre d’énormes problèmes notamment la déperdition scolaires. Car beaucoup de filles ne sont pas inscrites à l’école et quand elles ont l’occasion d’y aller elles tombent enceintes en mi-chemin ». A qui la faute ? S’est-elle interrogée. Tout le monde est fautif, selon elle, mais les parents sont les premiers responsables. Sans langue de bois elle pointe aussi du doigt les éducateurs qui pour elle, sont les plus fautifs dans l’histoire, et à cela s’ajoute l’Etat burkinabè, les partenaires, les enfants eux- même, les APE et les AME.

Dans la commune de Niangoloko, située à environ 65 kilomètres de Banfora, l’équipe du CSPS a signifié que dans la période de 2016, suite à des grossesses précoces il y a eu 3 avortements clandestins. Le médecin chef du district sanitaire de Sindou, le DR Philipe Somé a laissé entendre que le problème récurrent dans cette localité sont les mariages précoces ou mariages forcés qui conduisent aux grossesses précoces dont l’âge des filles est compris entre 14 et 17 ans. Au chef de service de la promotion de la femme, Sébastien Nana, de signifier que c’est la pauvreté, l’ignorance des parents qui ne connaissent pas l’âge requis pour donner sa fille en mariage et aussi les pesanteurs socio-culturels qui font que l’on donne des filles en mariage sans leur consentement qui sont les causes de cette pratique.

Frédéric BOTA, correspondant particulier

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