Région des Cascades : « La fréquence des attaques à main armée donne à croire qu’elles ne s’écartent pas forcément du terrorisme », dit le gouverneur

Publié le mercredi 26 mai 2021 à 17h39min

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Région des Cascades : « La fréquence des attaques à main armée donne à croire qu’elles ne s’écartent pas forcément du terrorisme », dit le gouverneur

Le gouverneur de la région des Cascades, Joséphine Kouara Apiou/Kaboré, a exposé sur la situation sécuritaire de sa région, le vendredi 21 mai 2021. C’était au cours de la cérémonie de lancement du projet SECUCOM II. Dans sa présentation du rapport sur la situation sécuritaire des Cascades, elle a attiré l’attention du public sur le phénomène de la criminalité organisée. Elle a ainsi expliqué que la criminalité organisée peut comprendre le trafic de drogues, les flux financiers illicites, le vol de bétails, la contrebande, les attaques à main armée, le trafic d’armes, etc.

Les trafics concernent couramment les drogues, les amphétamines, les explosifs, les cigarettes de contrebande, les produits chimiques (cyanure, nitrate d’ammonium, mercure, etc.), les armes et les munitions. Pour ce qui est des itinéraires, ces produits entrent dans la région des Cascades par le Mali, la Côte d’Ivoire et le Ghana (en traversant la région du Sud-Ouest). « Le vol de bétails, quoique ne disposant pas de données précises, le phénomène existe et s’opère généralement par des vols de bovins par des bandes organisées qui traversent la frontière pour les vendre dans les pays voisins », a indiqué Joséphine Kouara Apiou/Kaboré.

Selon le rapport, les attaques à main armée sont de plus en plus observées dans la région et s’opèrent aussi bien sur les axes routiers que dans les domiciles. « La fréquence, ces dernières années, des attaques à main armée donne à croire qu’elles ne s’écartent pas forcément du terrorisme à qui elles semblent servir de source d’alimentation ou de financement », a relevé la communicatrice.

Autres faits d’insécurité, ces dernières années, la région connaît également des conflits à répétition qui ne favorisent pas la lutte contre les ennemis extérieurs, constitués par ces groupes armés. Ces conflits sont, entre autres, liés au foncier (les plus nombreux), à la chefferie, au pastoralisme. A ces faits, s’ajoutent l’insécurité routière et la délinquance en milieu scolaire qui prennent de l’ampleur, précise le rapport.


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Développer des initiatives locales pour réduire ces fléaux

Face à la multiplication des attaques assimilables aux actes de terrorisme, des actes criminels et de grand banditisme, la nécessité d’agir s’est imposée et des actions ont été entreprises par les acteurs régionaux. Ce, dans le but de restaurer un environnement débarrassé des différentes menaces sécuritaires. Au nombre de ces actions, l’on peut retenir, entre autres, l’institution, depuis mars 2019, des rencontres mensuelles sur la situation sécuritaire de la région toujours sanctionnées par des rapports régulièrement transmis aux autorités nationales en charge des questions sécuritaires ; la collecte d’informations sur les faits ayant menacé ou susceptibles de menacer l’ordre et la sécurité ; l’élaboration en cours du plan de défense de la ville de Banfora et de la région des Cascades.

Le gouverneur des Cascades présente le rapport sur la situation sécuritaire de sa région

Par ailleurs, le rapport a préconisé l’organisation de patrouilles régulières simples ou mixtes de sécurisation ; l’organisation d’activités civilo-militaires (cross, matchs de football, etc.) dans le but d’encourager la collaboration des populations avec les FDS ; l’appel fait aux différents responsables administratifs à saisir les occasions de grands rassemblements, pour sensibiliser les populations sur les réflexes à développer dans ce contexte d’insécurité, tels que la dénonciation des cas ou d’individus suspects.

Toutefois, dans le but de réduire la menace terroriste dans la localité, les acteurs régionaux de sécurité conviennent de l’importance d’intensifier aussi les patrouilles mixtes conjointes ; de travailler (de la part des FDS) à mieux maîtriser le terrain ; de poursuivre les efforts de renforcement de la résilience des populations, de la cohésion sociale et de l’amélioration des relations entre les FDS et les populations. Dans le rapport, les acteurs ont souhaité l’organisation des activités pouvant réduire la méfiance des civils vis-à-vis des FDS ; le renforcement du partage d’informations entre les services régionaux de sécurité et de renforcer le renseignement, protéger les sources d’informations et trouver des mécanismes de motivation des fournisseurs d’informations.

Concernant la menace terroriste, les acteurs régionaux de sécurité recommandent de renforcer le maillage sécuritaire de la région ; de répartir les services de sécurité dans l’espace régional en fonction des enjeux sécuritaires ; d’impliquer les leaders religieux et coutumiers dans la stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité ; d’encourager la collaboration entre les autorités frontalières et alléger, pour plus d’efficacité, les procédures concernant la gestion de certaines questions sécuritaires aux frontières et d’organiser davantage et former les acteurs des initiatives locales de sécurité (notamment les dozos) qui participent aux côtés des FDS aux efforts de sécurisation de la région.

Le rapport suggère d’améliorer également l’état des voies en vue de faciliter les interventions aussi bien dans les situations d’urgence que dans le cadre des patrouilles régulières ; de renforcer les capacités opérationnelles des FDS (dotation en effectifs et équipements conséquents), afin d’accroître leur responsabilité et leur efficacité, mais aussi d’améliorer la couverture du réseau téléphonique pour faciliter la communication pendant les opérations dans certaines zones.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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